« J’ai huit ans la première fois que je vois Papa tuer un homme ».

 

 

 Il suffit de cette première phrase pour que le lecteur se sente happé par cette histoire hors du commun. Si le sujet s’est déjà vu, la voix de ce roman est bien singulière : c’est celle d’Harley McKenna, jeune femme à laquelle il est impossible de ne pas s’attacher au fil de la lecture.

 Ce long roman de 555 pages nous plonge dans un récit et une construction psychologique passionnante, mise en relief par la construction même du récit et les allers et retours dans le temps, qui imbriquent les unes après les autres chaque pièce du puzzle : Harley McKenna est la fille de Duke, elle a été élevée pour prendre la suite de son père à la tête du trafic de meth qui sévit depuis des décennies dans le comté. Mais ce qu’elle souhaite, elle, c’est une autre vie et un monde meilleur. Prise entre le poids des promesses qui l’enchaînent à un rôle dont elle ne veut pas, le poids d’une éducation qui l’a transformée, mêlé à ses propres envies, elle va devoir faire des choix qui changeront sa destinée mais également celle de tous les gens dont elle a la charge.

 Pour un coup d’essai, Tess Sharpe réussit ici un coup de maître puisque si le roman est tout entier écrit à la première personne du singulier, les personnages secondaires ont eux aussi une voix qui résonne dans l’écriture, ce qui rend cette fresque américaine encore plus réaliste. En effet, si le récit n’est pas exempt de la violence du milieu dans lequel évolue l’héroïne, la justesse de ses sentiments ne la rend que plus humaine dans ce monde de brutes, dont on se demande jusqu’à la fin si elle réussira véritablement à le transformer…

 Je ne dirai qu’une chose pour finir : hâte de lire le prochain Tess Sharpe !

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