Il y a parfois des rencontres fortuites et hasardeuses qui naissent sur internet pour se concrétiser plus tard. Céline Theeuws est l’une d’entre elles… Si nous étions « amies » virtuelles sur Facebook, nous ne nous connaissions pas, mais elle a eu la gentillesse de me faire parvenir ses livres édités de manière indépendante au format numérique, et Livre Paris a fait le reste, c’est ainsi que j’ai pensé à elle pour ma rubrique « interview ».

À dire vrai, j’étais curieuse de découvrir le parcours d’une jeune autrice qui a décidé de sauter le pas sans passer par le circuit classique de l’édition, tel qu’il est connu par la plupart des gens.

J’ai donc décidé de plonger dans Les Douceurs d’Adrien, un délicieux roman de 222 pages, qui emmène le lecteur dans le quotidien d’une jeune romancière qui souffre de troubles obsessionnels compulsifs, qui ne sort plus de chez elle et qui va être bousculée dans ses habitudes par un pâtissier déterminé et amoureux.

On ne peut s’empêcher de s’attacher très vite à l’héroïne à travers ce presque huis clos, ce quasi-monologue psychologique qui, bien que surprenant au départ, s’avère être très agréable.

 

 

 

Merci, Céline, d’avoir accepté de répondre à mes questions !

 

 

Photo de Céline Theeuws

 

 

 

 -Raconte-nous quel a été ton parcours d’écrivain. Comment es-tu devenue autrice ? 

À 16 ans, j’ai dit ceci : « Un jour, j’écrirai un livre. » Quel livre ? Je n’en savais encore rien à l’époque. À 34 ans, un matin de janvier, je me suis levée et j’ai cette fois dit : « Je vais écrire un roman. » Et j’ai écrit « Les Douceurs d’Adrien ». Ça a été comme une envie pressante, presque une exigence. L’écriture m’obsédait. Je pensais sans cesse à mes personnages. Le récit de ce roman a été pour moi comme une évidence et il a pris vie en une quinzaine de jours. Depuis lors, je ne peux plus m’arrêter d’écrire. C’est plus qu’une passion, c’est un besoin.

-Pourquoi as-tu fait le choix de l’autoédition, comment as-tu choisi la plateforme que tu utilises et penses-tu que ce positionnement va évoluer ?

L’autoédition ne s’est pas imposée après mûre réflexion. Pour moi, il était évident que j’allais m’autoéditer. Je suis quelqu’un d’impatient et je n’aurais pu attendre le retour d’éditeurs avant de publier mon roman. De plus, j’ai vu à l’époque qu’Amazon organisait un concours d’écriture appelé Les Plumes Francophones. J’ai très vite décidé de participer à ce concours.

J’envoie bien entendu de temps en temps l’un ou l’autre de mes manuscrits à quelques éditeurs, mais sans attendre de réponse positive. Ma devise est celle-ci : « Sur un malentendu, ça peut marcher », comme dirait Jean-Claude Duss dans Les Bronzés. Si un éditeur accepte un jour de m’éditer, ce sera cependant un moment de joie intense, car qui ne rêverait pas de voir son roman dans une librairie ?

-Raconte-nous comment ça se passe quand on est un auteur auto édité, on est vraiment seul face à son texte ; tu fais toujours tout toute seule ? Quelles sont les différentes étapes de la création d’un livre qui mènent à sa naissance ?

Je fais à peu près tout toute seule. J’écris seule, bien entendu. Je corrige et je relis mes textes et je crée mes couvertures. Ma famille et mes amis me relisent. C’est très important d’avoir des avis extérieurs. Certains amis auteurs me donnent également leur avis sur mes couvertures. Là aussi, je les en remercie. La couverture de mon prochain roman a été entièrement modifiée grâce à eux. Ils avaient raison ! Je pouvais mieux faire… De ce fait, elle sera assez surprenante.

-As-tu des amis ou des proches qui te relisent ?

Bien entendu. Ma maman est ma première fan ! Comme je l’ai expliqué dans mon autobiographie « Vis », c’est aussi elle qui me pousse à me dépasser sans cesse. Elle seule est mise dans la confidence lorsque j’ai à peine terminé d’écrire. Je partage ensuite mes textes non encore publiés avec des amis qui me relisent toujours avec plaisir. Cela me permet de récolter leurs impressions.

-Et pour la communication autour de tes romans ? 

Comme beaucoup d’entre nous, je suis assez active sur les réseaux sociaux. J’y parle parfois de mes futures publications, des retours que j’ai des lecteurs et des salons auxquels je participe. J’aime également énoncer de temps à autre quelques petites difficultés de notre belle langue française. Mais je ne vois pas Facebook comme un moyen de communication. C’est plutôt un lieu d’échange et de partage. J’adore regarder mon fil d’actualité : les nouveautés littéraires, les retours de lectures assez nombreux dans les groupes, lorsqu’un auteur demande un avis sur une couverture ou de nombreuses autres publications qui n’ont rien à voir avec la littérature. C’est aussi grâce à Facebook qu’on me contacte principalement. Quand on m’adresse un message pour me dire qu’on a aimé l’un de mes livres, j’en ai toujours les larmes qui me montent aux yeux…

-Parle-nous des douceurs d’Adrien : comment ce personnage « d’autrice toquée » t’est-il venu à l’esprit ?

Tout seul. Je savais que je voulais décrire un huis clos, je savais que mon héroïne serait enfermée chez elle et que sa relation avec Adrien ne se concevrait qu’à travers une porte. J’ai d’ailleurs eu l’image du dîner avec Louise mangeant chez elle et Adrien mangeant sur le palier en premier lieu.

-En moyenne, combien de temps mets-tu à écrire un livre ? Quel est ton processus, quel(les)-sont tes routines ou tes rituels ?

Je me lève tous les matins à six heures, je nettoie toute la matinée, puis je peux enfin me mettre à écrire. Je rigole ! Je ne suis pas l’héroïne de mon roman. Je travaille, comme la majorité d’entre nous. J’écris somme toute assez peu, car écrire me prend peu de temps. Lorsqu’une nouvelle histoire jaillit dans mes pensées, tout va très vite. J’ai alors une période d’écriture intensive qui prend entre deux semaines et un mois, selon la longueur du livre et mes obligations extérieures. Ce qui prend le plus de temps, ce n’est pas tant d’écrire, c’est plutôt le travail qu’il y a en aval. Les corrections, la réécriture de certains passages ou de certaines phrases et la relecture prennent énormément de temps.

-Cela t’est-il déjà arrivé de retoucher un texte après sa publication ?

Bien entendu. Je suis perfectionniste ! L’écriture évolue au fil des mois. On apprend également à alléger un texte, à écrire de manière plus fluide. Il peut donc être intéressant de reprendre un ancien texte et de le corriger a postériori. Il ne faut pas non plus que cela devienne une obsession, sinon l’on prend plus de temps à corriger ses anciennes publications qu’à écrire. Tout est une question de dosage. 

-Nous avons eu la chance de nous croiser à Livre Paris : comment s’est passée cette expérience pour toi et pour les auteurs indépendants qui étaient là ? Comment ce projet de vous cotiser pour venir sur le salon est venu sur la table ? Qu’en avez-vous retiré ?

Nous étions vingt auteurs à nous partager un stand. Ce beau projet est à l’initiative de Sylvie Noël qui a loué le stand et a, par la suite, demandé si certains auteurs voulaient se joindre à elle. J’ai immédiatement sauté sur l’occasion. Nous nous sommes par la suite organisés pour amener tout le matériel nécessaire et planifier les séances de dédicaces. Nous avions chacun droit à plusieurs plages de deux heures.

Ce que j’en retire ? C’était magique ! Le Salon du livre de Paris était mon tout premier salon. J’ai pu rencontrer des dizaines d’auteurs, des dizaines de lecteurs, quelques petits éditeurs et des journalistes. Beaucoup de lecteurs se sont déplacés jusqu’à notre stand pour nous rencontrer, ainsi que deux journalistes. C’était incroyable. J’ai beaucoup marché entre notre stand, celui d’amis auteurs et celui d’Amazon sur lequel il se passait toujours quelque chose : speed dating de l’autoédition, dédicaces ou conférences. Nous sommes tous repartis fatigués après cinq jours de salon, mais très nostalgiques. Je n’ai déjà qu’une idée en tête, y retourner l’année prochaine.

-Peux-tu nous donner un scoop sur tes futurs projets ?

 Mon prochain roman sera publié au mois de mai ou au mois de juin 2018. Pour ce qui est du suivant, j’ai déjà ma petite idée sur ce que je vais écrire. Il se pourrait bien que je change de genre… Mais toujours avec ma patte ! Évidemment.

-Si c’était à refaire ?

J’aurais commencé à écrire bien plus tôt…

-Si tu devais choisir un seul et unique livre pour partir sur une île déserte ?

Le Pigeon de Patrick Süskind.

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