Anne Wiazemsky est la petite fille du célèbre écrivain français François Mauriac. Elle est née à Berlin, le 14 mai 1947, et elle est en quelque sorte le point d’orgue de son propre roman, qui raconte la rencontre et les premières années d’amour de ses parents, Claire, et Wia, dans un Berlin en ruine. Mon Enfant de Berlin, c’est une histoire dans l’Histoire ; certains diront « une de plus » mais cette histoire-là est différente des autres, en ce sens que, les personnages sont à la fois secrets et extravertis ; Mais pour Anne Wiazemsky, ce n’est pas une histoire comme les autres, c’est le début de sa propre histoire.

Elle qui a été actrice, qui est écrivain reconnue – elle a reçu le prix de l’Académie Française et le Goncourt des lycéens – livre ici un récit touchant, et comme elle le dit elle-même, dépeint un cadre des plus romanesque. Les ruines de Berlin deviennent un personnage à part entière au fil des pages, au fil de l’attachement qui se tisse entre les lieux et les personnages.

Les personnages, parlons-en : il y a principalement Claire, qui nous livre ses sentiments, son attachement à sa famille, au fil des pages, elle se dévoile ; Jeune fille « rangée », de bonne famille, elle est fiancée à Patrice, mais se sent prisonnière de ce futur qu’elle a pourtant choisi, et veut à tout prix tracer son propre chemin sans s’entendre appeler « la fille de François Mauriac, le célèbre écrivain ». Pour cela, elle s’engage dans la Croix-Rouge, pour se trouver, découvrir qui elle est. Mais elle souffre de penser que personne ne prend son engagement au sérieux. Pour ses proches, sa place est à Paris auprès de sa famille, où elle doit attendre le retour de cet homme qu’elle n’aime plus, prisonnier de guerre. Mais une rencontre inattendue va bouleverser le cours de choses… Wia va faire son apparition, et transformer peu à peu l’univers de Claire. Leurs amis sont les témoins de cet amour si fort, qui a pour cadre des ruines berlinoises magnifiquement représentées, où l’on découvre toute l’humanité, et l’horreur de cette période de l’Histoire dont on a déjà tant parlé. On découvre également la souffrance atroce du peuple berlinois vaincu, l’inconfort, la faim, le froid…

« En septembre 1944, Claire, ambulancière à la Croix-Rouge, se trouve à Béziers avec sa section, alors que dans quelques mois, elle suivra les armées alliées dans un Berlin en ruine. Elle a vingt-sept ans, c’est une très jolie jeune femme avec de grands yeux sombres et de hautes pommettes slaves. Si on lui en fait compliment, elle feint de l’ignorer. Elle souhaite n’exister que par son travail depuis son entrée à la Croix-Rouge, un an et demi auparavant. Son courage moral et physique, son ardeur font l’admiration de ses chefs. Ses compagnes ont oublié qu’elle est la fille d’un écrivain célèbre, et la considèrent comme l’une d’entre elles. Au volant de son ambulance, quand elle transporte des blessés vers des hôpitaux surchargés, elle se sent vivre pour la première fois. »

Si l’on connaît Anne Wiazemsky, on sait qu’il n’est pas rare qu’elle se serve de sa propre vie pour nourrir ses romans. Ce fut déjà le cas dans Hymne à L’Amour qui raconte en quelque sorte la suite de cette aventure berlinoise, ou comment ce si beau couple formé par Claire et Wia va se désagréger. Une chronique sur cette ode à l’amour et à Édith Piaf viendra bientôt…

Pour finir, je vous conseille la lecture de ce livre qui fut pour moi un vrai plaisir, entre autres parce qu’une fois que je l’ai eu entre les mains, il m’a été très difficile de m’arrêter avant d’avoir fini ce livre, et j’ai trouvé cela plaisant, en ce sens qu’une certaine forme de suspens émotionnel m’a emportée, à la fois dans la vie des personnages qui ont tous existé, et dans les rues de Berlin… C’est donc au cœur d’un voyage familial et historique que vous vous laisserez emporter si vous lisez ce très beau livre d’une des muses de Jean-Luc Godard – elle fut aussi son épouse – digne petite fille de son grand-père.

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