Le titre de mon article est le titre d’un film de Christian Faure, mais pas seulement ; c’est un combat dont nous avons le devoir de faire que cette victoire qui nous a été acquise ne nous soit pas retirée dans les décennies à venir.

Ce film retrace avec brio et émotion les jours qui ont vu dans notre histoire les débats sur la Loi Veil, pour la légalisation de l’avortement. Nous sommes le 26 novembre 1974, et Simone Veil, interprétée ici de façon magnifiquement juste par Emmanuelle Devos, monte à la tribune de l’Assemblée Nationale pour prononcer un discours qui restera dans les annales.

Comment ne parler que de ce film quand on évoque le nom de Simone Veil ? Femme d’exception qui en a sauvé tant d’autres… Aujourd’hui, quarante ans tout juste après ces événements, c’est ma voix de femme que je fais entendre pour dire toute mon admiration et tout mon amour. Intimement convaincue de la légitimité de ce combat et touchée par les violences et les sentiments divers qu’il peut susciter.

Mais Simone Veil, c’est une icône ; la femme politique française la plus légitime et respectée de notre histoire. Et soudain, je ne me sens pas le droit de parler d’elle, n’étant pas sûre que mes mots sont assez beaux et assez vrais pour parler avec justesse de cette femme d’exception.

Alors je dirai seulement que ce film, diffusé ce soir sur France 2 est porté par des acteurs magnifiques et une Emmanuelle Devos impressionnante de justesse et de sobriété, retrace de façon forte et vraie ce qu’a été ce combat. Seul bémol, une grosse erreur historique puisque le film nous présente dès les premières images une Simone Veil dont l’opinion connaîtrait déjà le passé de déportée, alors même que ce n’était pas le cas, et pousse même cette bêtise (comment ne pas l’appeler autrement quand le film se dit autobiographique ?) jusqu’à imaginer le coup de fil des excuses du ministre, au soir du débat, qui a accusé Simone Veil d’envoyer les embryons aux fours crématoires (!) Non, le passé de Simone Veil a été révélé par elle-même plus tard, comme cela est très bien montré dans l’excellente émission consacrée à cette grande dame par Laurent Delahousse et diffusée assez récemment, Un Jour, un destin.

Alors je termine de façon plus positive ce que je peux appeler ici une petite note d’humeur, en remerciant l’Immortelle pour cette liberté qu’elle nous a accordée, en portant ce combat de toutes ses forces. 

J’espère que les générations à venir ne l’oublieront pas…

Je fais ici amande honorable et signale, ce 30 novembre 2014, après m’être replongée dans quelques lectures sur la vie de Madame Veil, que la bêtise à laquelle je fais allusion un peu plus haut est en fait la mienne : le député qui a injurié Simone Veil à l’Assemblée Nationale s’est effectivement excusé comme on le voit dans le film et comme elle l’affirme elle-même dans son autobiographie publiée chez Stock en 2009 : « […] beaucoup d’interventions à la tribune tenaient du réquisitoire, parfois de la prise à partie haineuse et diffamatoire. La pire de toutes fut celle de Jean-Marie Daillet, évoquant les foetus envoyés au four crématoire. Il s’en est du reste excusé. » Page 196.

Je présente donc ici mes excuses aux lecteurs que j’ai pu induire en erreur.

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