Petite phrase de Maurice Blanchot à méditer… Et sujet d’entrée au Concours de l’IUT Bordeaux Montaigne en Année Spéciale édition librairie !

Nous sommes ce que nous lisons parce que la lecture est un bonheur présent dès l’enfance, le temps où l’on, pose son regard sur ce qui nous entoure. C’est le temps où l’on découvre le monde et où l’on accède au savoir, pour apprendre à vivre. C’est pourquoi il nous faut être libre afin de pouvoir rêver et s’évader, mais aussi grandir. Pourtant, si la considération que nous avons pour les auteurs, le jugement que nous portons sur leurs œuvres, semble nous en empêcher, il est aussi le seul moyen de reconnaissance nécessaire aux écrivains. L’un est donc corollaire de l’autre.

Lorsque l’on est enfant, l’apprentissage de la lecture est la clé qui nous ouvre les portes du monde. Les mots sont le miroir de ce que nous voyons, entendons et pensons. Ils nous sont donnés par et avec les livres, qui nous permettent d’affirmer ce regard que nous portons sur le monde. Jean de la Fontaine l’avait bien compris lorsqu’il a écrit ses célèbres Fables, en l’honneur du Dauphin de la Cour de France. C’est par là que les enfants, souvent, découvrent l’idéal du Classicisme français, plaire et instruire : les animaux se font la voix fantaisiste qui plaira aux jeunes lecteurs afin de leur inculquer une morale. C’est par les livres également que nous accédons à notre Histoire, à ce qui fait ce que nous sommes, maintenant que certains événements historiques, tel le Débarquement de Normandie, le 6 juin 1944, ne seront bientôt plus incarnés, les livres sont et seront des passeurs de mémoires.

Mais pour que la lecture reste un bonheur, il nous faut être libre de rêver, afin de voir parfois la vie sous un meilleur jour. La littérature nous a, pour cela, entre autres, donné les contes, tels que ceux de Charles Perrault, qui dans La Belle au bois dormant, nous fait entrer dans un monde peuplé de fées, de princes et de dragons. Chez Saint-Exupéry, dans Le Petit Prince, les enfants découvrent ce qu’est la philosophie, et les adultes se remémorent des vérités qu’il est bon de garder en mémoire :

On ne voit bien qu’avec le cœur, l’essentiel est invisible pour les yeux.

C’est là encore un moyen de parler de la vie, ce qui peut évidemment se faire à travers tous les genres littéraires. Car comme l’a dit William Shakespeare :

Le monde entier est un théâtre.

Or le théâtre était aussi, au XVIIe siècle, vecteur de la catharsis, qui permet les purgations des passions de l’âme.

La littérature et la lecture sont donc des moyens de nous aider à – mieux – vivre, mais la nature humaine est telle qu’il n’y a malheureusement pas de vie sans jugement. Le jugement littéraire, c’est la considération que l’on a, pour certains auteurs, certaines œuvres que l’on aime, ou pas. Lorsque l’on considère quelque chose, en bien ou en mal, on perd cette innocence nécessaire, nous l’avons vu, pour que la lecture nous permette de rêver et d’apprendre. Quand nous jugeons, soit nous acceptons, soit nous refusons. Mais qui sommes-nous, hommes, femmes, enfants, pour juger de la beauté ou de la nullité d’un texte ? J’emploie le mot à dessein, puisque nous vivons dans un monde où les étiquettes sont très vite collées.

Nous sommes, nous, des lecteurs qui faisons vivre les écrits des auteurs ; nous sommes les receveurs de cette magie que nous donnent les livres. Mais nous en sommes aussi les auteurs et les éditeurs, les passeurs de mots et de rêves. Parce que nous sommes le fruit d’un partage, et nous sommes La Lecture. Pour cela, nous nous devons de nous considérer les uns les autres.

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